Au sein de ce groupe, j’ai tout de suite reconnu un beau gars que j’avais croisé la veille à l’hôtel. Oui, c’était bien notre réceptionniste français qui dansait maintenant avec cette jolie Cubaine. Il donnait l’impression de savoir vraiment ce qu’il faisait. Son bassin bougeait au rythme des percussions, il se déhanchait avec une telle souplesse que je n’y étais pas du tout indifférente. Bien au contraire, cela m’excitait drôlement. Il guidait sa partenaire de danse avec beaucoup de maîtrise et de complicité et dégageait une telle sensualité qu’il semblait être à l’écoute du corps de l’autre. Pour être franche avec vous, à ce moment-là, l’envie folle d’être sa « salsera » me traversa intensément de long en large et encore plus de haut en bas. Ses mouvements de bassin étaient d’une fluidité parfaite, d’une sensualité inégalable. Nos regards se croisèrent et un sourire pas très innocent se dessina sur mes lèvres.
Oh mince, quelle cruche, je me suis fais repérée par le môme, pas de doute à avoir ! Prise de court par ce jeune patrouilleur et faussement penaude, je piquais mon fard comme je le devais, un peu honteuse je suppose en mon for intérieur d’avoir posé mon regard sur un homme qui devait probablement avoir dix ans de moins que moi. Si ce n’est peut-être plus. Au diable l’avarice, après tout, dans l’amour ça n’existe pas !
Dans la file d’attente du food truck, c’était enfin le moment de de récupérer mes churros , cela tombait bien, j’étais affamée.
« Cinquento pesos por favor », me demanda la jeune femme du foodtruck.
Je n’ai vraiment pas eu le temps d’ouvrir mon porte-monnaie, puisqu’une douce voix masculine derrière moi me chuchotait déjà à l’oreille « Invito yo ». Mes jambes s’engourdirent d’un seul coup, un gros frisson traversa subitement tout mon corps, aucun son ne sortit de ma bouche. Il y avait probablement urgence puisqu’il m’entraîna brusquement hors de la file jusqu’au milieu de la piste de danse. Une main sur son épaule, l’autre tenant mon cornet de churros et c’est ainsi que je fis mes premiers pas vers un apprentissage accéléré de la salsa.
Les chansons se succédèrent sans que je ne m’en rende bien compte. Nos corps ondulaient, se touchaient et se délectaient l’un de l’autre. Ses mains s’emparèrent de mes hanches, et comme mon corps ne se dérobait pas, bien au contraire, il accentua les pressions et glissa malicieusement ses cuisses à l‘intérieur des miennes. La pointe des mes seins furent très vite annonciateurs de désirs fous et de toutes sortes, je sentis monter en nous deux une fièvre inconnue. Que c’était bon, de jouer ainsi avec lui cette danse imprévisible ! Ses mains se baladaient et nos visages se frôlaient sans se toucher. Nos bouches se fuyaient pour mieux se retrouver au fil de la musique.
Il était presque minuit, quand il me glissa à l’oreille : « embrasse moi ». Je m’approchais en souriant, j’effleurais ses lèvres et rien de plus... Bien décidée à lui refuser le plaisir qu’il réclamait sans le dire, je maintins la tension à son paroxysme, prémices annonciatrices c’est certain, d’un érotisme à venir bien plus chaleureux. Le jeune homme me fit sentir sa frustration en me serrant encore plus fort contre lui. Mon sang ne fit qu’un tour avant que je ne lui réponde « viens, on s’en va ». Il ne se fit pas prier et nous quittâmes sans trop de regrets notre paradis dansant.