QUEL EST L’IMPACT DU CYCLE MENSTRUEL SUR LE QUOTIDIEN DES FEMMES ?

Dans la vie d’une femme, le cycle menstruel commence à la puberté avec les premières règles et se clot à la ménopause à l’arrêt définitif des menstruations, signifiant la fin de la fertilité. C’est toute une partie de sa vie qui est régie par les aléas de ce cycle, marquée par les influences qui le dirigent. Et elles sont nombreuses, parfois même inconnues ou inattendues.

Comment mieux comprendre son cycle pour appréhender ses effets sur le quotidien ? Comment mieux écouter son corps et ses ressentis pour identifier les influences du cycle menstruel ? Nous essayons d’y répondre dans cet article.

LE CYCLE MENSTRUEL : SON RÔLE ET SON FONCTIONNEMENT

LE CYCLE MENSTRUEL : SON RÔLE ET SON FONCTIONNEMENT

Le cycle menstruel, c’est quoi exactement ?

Le cycle menstruel ne se résume pas seulement à la période des pertes sanguines. C’est en fait l’ensemble des phénomènes physiologiques que la femme (ou toute personne dotée d’un vagin et d’ovaires) connait, dans la préparation de son organisme à une éventuelle fécondation.

Ce cycle menstruel se déclenche chez la jeune fille à la puberté et se termine à la ménopause, qui symbolise par ailleurs l’arrêt effectif des règles et de la fertilité d’une femme.

Habituellement, la durée de ce cycle est de 28 jours, mais cette période « normative » peut varier selon les personnes, peut être plus long ou plus court et n’est pas toujours régulier. Il peut aussi subir des changements de rythme selon les périodes de la vie d’une femme (moments de stress, choc émotionnel…). Le premier jour des règles marque le jour 1/28 du cycle menstruel.

Comment fonctionne le cycle menstruel ?

Le cycle menstruel est contrôlé par les hormones féminines produites par les ovaires : l’œstrogène et la progestérone. Ces deux hormones agissent ensemble pour diriger les étapes du cycle menstruel et accompagner le corps féminin d’étape en étape. 

Le cycle menstruel se compose de 4 étapes :

  • La phase menstruelle : En l’absence de fécondation, le corps jaune ovarien se dégrade. À ce moment-là, les taux des hormones œstrogène et progestérone sont au plus bas. C’est cette baisse considérable du taux d’hormones dans le corps qui déclenche le détachement du surplus de muqueuse utérine. La muqueuse de l’utérus, appelée muqueuse endométriale – un liquide rouge contenant du sang et des tissus – se détache des parois de l’utérus, passe par le col de l’utérus qui s’ouvre à cette période et est ensuite expulsée par le vagin. C’est ce phénomène que l’on appelle les règles ou les « menstrues » autrefois. Cette phase dure en moyenne de 3 à 7 jours mais peut durer jusqu’à 14 jours selon les personnes. Pendant ses règles, une femme perd entre 35ml et 80ml de sang.
  • La phase folliculaire (ou phase de pré-ovulation) : Cette deuxième étape du cycle menstruel débute au premier jour des règles, donc à cheval sur la phase menstruelle, et prend fin au moment de l’ovulation, soit autour du 14ème jour. Elle dure en moyenne 2 semaines sur un cycle théorique de 28 jours. Les follicules sont des structures en forme de petits sacs qui contiennent du matériel cellulaire. Les follicules sont stockées et directement en lien avec la réserve ovarienne, c’est-à-dire les ovocytes qui sont libérés chaque mois à compter des premières règles jusqu’à la ménopause. Pendant cette phase folliculaire, certains follicules appelés « primordiaux » s’activent et commencent un processus de maturation pour devenir des follicules « secondaires » puis « tertiaires ». Au terme de cette évolution, il ne reste plus qu’un seul follicule capable de poursuivre sa croissance jusqu’au stade de follicule pré-ovulatoire, dit follicule de Graaf. Une autre hormone libère ensuite son contenu : un ovocyte fécondable qui démarre son chemin dans la trompe de Fallope en direction de l’utérus. À la fin de la phase menstruelle, l’utérus vient d’évacuer son ancienne muqueuse par le phénomène des menstruations. Une fois ce nettoyage naturel terminé, l’endomètre s’épaissit à nouveau sous l’effet de la sécrétion progressive d’œstrogènes par les ovaires.
  • La phase ovulatoire : Cette troisième phase débute par la montée de l’hormone lutéinisante qui sert à déclencher l’ovulation chez la femme et la production de la testostérone chez l’homme. Chez la femme, elle intervient en moyenne entre le 14ème jour et le 16ème jour du cycle menstruel. À mesure que la date d’ovulation approche, les ovaires sécrètent de plus grandes quantités d’œstrogènes, responsables de l’épaississement de la paroi utérine qui la rend favorable à une nidation si la fécondation a lieu. Le col de l’utérus évolue, s’ouvre légèrement et se place un peu plus haut pour favoriser la fécondation. Dans les 12h qui suivent ce pic hormonal, un ovule se libère. Il existe par ailleurs des variations dans cette phase ovulatoire. Il est possible de ne pas ovuler chaque mois : on parle de cycle anovulatoire qui peut être causé par le syndrome des ovaires polykystiques et la présence de nombreux microkystes ovariens, par une hypothyroïdie ou par l’approche de la ménopause. Il est également possible d’ovuler deux fois au cours d’un même cycle : dans ce cas, on libère 2 ovules distincts qui donneront naissance à des faux jumeaux
  • La phase lutéale : Cette quatrième et dernière phase démarre juste après l’ovulation et s’étend, en l’absence de fécondation, jusqu’à la veille des menstruations, jusqu’au 28ème jour, soit pendant une période de 2 semaines environ. Que se passe-t-il s’il y a fécondation ? Au niveau de l’ovaire qui a donné lieu à l’ovulation le follicule rompu se transforme en corps jaune ou corpus luteum qui donne son nom à la phase lutéale. Le niveau d’œstrogènes est toujours élevé, et le taux de progestérones augmente en parallèle, sécrétés par ce corps jaune et se met au niveau de l’œstrogène pour partager la fonction de préparer l’utérus à la nidation. Le taux de progestérone atteint son pic dans les 8 jours qui suivent l’ovulation, puis diminue progressivement. L’embryon prend le relais des sécrétions hormonales et maintient le corps jaune et sa production de progestérone le temps que le placenta se développe. Que se passe-t-il s’il n’y a pas fécondation ? Le corps jaune se dégrade : les taux d’œstrogène et de progestérone chutent alors brutalement et déclenchent les règles. C’est ensuite le début de la phase menstruelle, donc un nouveau cycle qui commence, et ainsi de suite !

UNE HISTOIRE D'HORMONES : ŒSTROGÈNES ET PROGESTÉRONE

Tout le cycle menstruel est finalement régi par deux hormones diamétralement opposées : les œstrogènes et la progestérone

Qu’est-ce que les œstrogènes ?

C’est une hormone féminine sécrétée par le développement des follicules des ovaires et par le placenta. Elle est responsable du développement pubertaire et du maintien ultérieur des caractères physiques féminins. Dans un premier temps, la production d’œstrogènes commence par augmenter après la fin des règles, atteint son pic au moment de l’ovulation puis, si l’ovule n’est pas fécondé, chute brutalement à la fin du cycle au 28ème jour pour déclencher les règles. Les œstrogènes agissent sur de nombreux tissus de l’organisme féminin : le système utéro-génital, la glande mammaire, le squelette, la peau, les muqueuses, le système cardiovasculaire, le cerveau et le système digestif. Pas étonnant que leur variations (augmentation pendant la phase d’ovulation et diminution brutale juste avant les règles) ont une influence sur tout le système du corps humain et n’impactent pas seulement le cycle menstruel mais aussi l’humeur, l’appétit, le désir, l’énergie et bien d’autres choses encore.

Qu’est-ce que la progestérone ?

C’est une hormone féminine qui sert à préparer l’utérus pour une éventuelle grossesse. La progestérone est produite après l’ovulation, période pendant laquelle ses taux augmentent pendant quelques jours puis diminuent en l’absence de fécondation, pour déclencher ensuite les menstruations. L’hormone produit un effet calmant : elle empêche l’utérus de se contracter et renforce le col de l’utérus. Elle agit sur la muqueuse de l’utérus (ou endomètre) pour la maintenir et la préparer à l’accueil d’un embryon. À partir du 3ème mois de grossesse, le placenta prend le relais pour produire de la progestérone et assurer la protection de l’embryon.

LE CYCLE MENSTRUEL ET SES INFLUENCES SUR LE QUOTIDIEN

LE CYCLE MENSTRUEL ET SES INFLUENCES SUR LE QUOTIDIEN

Comme nous l’avons vu précédemment, les hormones ont un grand pouvoir sur l’organisme féminin qu’elles dirigent d’une main de maître. Le pouvoir d’influence est grand, et forcément, cela impacte également le quotidien de la vie d’une femme qui voit quelques variations dans son corps et son esprit selon les périodes de son cycle.

La première phase : un reset du corps et de l’esprit

Les règles commencent, déclenchées par la chute brutale du taux d’œstrogènes et de progestérone dans le corps. À ce moment-là, l’humeur est plus tranquille, plus stable, et une plus forte tendance à l’empathie se fait ressentir. C’est un peu un « reset » du corps et du mental avec ce nouveau cycle qui commence. Attention cependant à la migraine hormonale qui peut être présente chez certaines personnes selon les sensibilités.

La deuxième phase : le regain d’énergie, d’audace et de self-confidence

Lors de la deuxième semaine, en période de pré-ovulation, la production d’hormones remonte petit à petit. L’énergie grimpe et le corps perd en sensibilité. Autour du 10ème jour jusqu’au 14ème jour, le niveau de testostérone dans le corps donne un coup de fouet sur le plan mental et physique. On se sent plus légère, moins engourdie, comme libérée. Émotionnellement, c’est le meilleur moment pour prendre une décision dans votre relation, mettre fin à une histoire d’amour ou faire preuve d’audace si votre vie sentimentale en a besoin. En un mot : osez ! Cette remontée d’hormones pousse aussi la tendance à la séduction. On a envie de plaire, de s’exprimer, de s’exposer, de sociabiliser.

La troisième phase : le ralentissement de l’énergie

Autour du 14ème jour, l’ovulation a lieu et le taux d’œstrogène et de testostérone est au plus bas, tandis que la progestérone grimpe. Cette période un peu compliquée hormonalement peut provoquer des sautes d’humeur. Il se peut que l’on se sente irritable et d’humeur chafouine pendant quelques jours, avant que le niveau hormonal se rééquilibre au milieu de la troisième semaine, et l’humeur avec. De façon globale, l’énergie se ralentit et se dépense plus facilement, dû au haut niveau de progestérone et ses étonnants effets calmants et anesthésiants. Le rythme de vie s’assouplit, le besoin de repos se fait ressentir. Pendant les exercices de sport, jusqu’à 30% d’énergie en plus sont dépensés, les hormones favorisant les actions brûle-graisse. En semaine d’ovulation, le corps se modifie physiquement également. Par exemple, un côté du visage peut gonfler, selon le côté de l’ovaire qui est en train d’ovuler. Si vous constatez un gonflement du côté droit de votre menton, il se peut que votre ovaire droit soit en pleine ovulation !

La quatrième phase : grande sensibilité et gourmandise irrésistible

Pendant cette dernière phase, le corps se prépare à une potentielle fécondation, et les hormones continuent de grimper. Des problèmes de sommeil peuvent se faire ressentir, ainsi qu’un mauvais transit car le corps est en plein travail, boosté par les hormones. Le corps est ainsi beaucoup plus sensible et réceptif à la douleur. Quelques envies irrésistibles de gourmandise peuvent également être de la partie, sous l’influence de la progestérone. Le syndrome pré-menstruel se met en route avec quelques-uns de ses symptômes : migraine, maux de tête, sensibilité accrue dans la poitrine, irritabilité, fatigue

LE SYNDROME PRÉ-MENSTRUEL (OU SPM)

LE SYNDROME PRÉ-MENSTRUEL (OU SPM)

Chaque mois, quelques jours à l’approche des règles, l’organisme féminin subit un véritable bouleversement d’origine hormonale. Près de 75 % des femmes ressentent des symptômes négatifs voire désagréables durant cette période : c’est ce que l’on appelle le "syndrome prémenstruel" ou SPM. Il s’agit d’un ensemble de symptômes qui surviennent généralement 3 à 4 jours avant l’arrivée des règles. Plus de 150 symptômes sont répertoriés, variables selon le cycle et selon la personne. Selon l’American Psychiatric Association, 3 à 5 % d’entre elles souffriraient même d’un trouble dysphorique prémenstruel, caractérisé par des symptômes encore plus sévères, comme un état dépressif, de l’anxiété, de l’insomnie ainsi que d’autres difficultés importantes qui peuvent malheureusement perturber le quotidien.

Sur le plan psychologique, les personnes touchées rapportent un état de tristesse, d’anxiété, de sensibilité, d’irritabilité, des sautes d’humeur, un manque d’énergie et de désir.

Les manifestations sont aussi nombreuses sur le plan physique :

  • Les seins peuvent être gonflés et douloureux : les seins sont porteurs de récepteurs aux hormones. Selon la personne, ces récepteurs seront plus ou moins sensibles aux variations hormonales, et la tension produite par celles-ci dans les glandes mammaires peut se faire plus ou moins ressentir. 
  • Une prise de poids peut être observée, de l’ordre de 1 à 2 kilos avec éventuellement des ballonnements. Les hormones jouent un rôle dans la mobilité digestive au niveau des intestins et peuvent être à l’origine d’un ralentissement du transit intestinal, voire d’une constipation.

Sur le plan physiologique, la chute du taux de d’œstrogènes et surtout de progestérone provoque la destruction de l’endomètre, la muqueuse utérine. C’est la période des règles qui procèdent d’un mécanisme inflammatoire. Les douleurs potentielles sont causées par la contraction des muscles de l’utérus pour expulser l’endomètre et le sang. 

On n’y pense pas forcément, mais le syndrome pré-menstruel peut être à l’origine de bien des maux. Pour parler plus amplement des maladies gynécologiques de la dyspareunie ou de l’endométriose, voici notre article de blog qui y est dédié. De façon globale, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre médecin traitant ou de votre gynécologue pour mieux comprendre ces symptômes et leur influence sur votre quotidien.

L’INFLUENCE DU CYCLE MENSTRUEL SUR LA VIE SEXUELLE

Au-delà du pouvoir des hormones sur l’équilibre de l’humeur, celles-ci sont également étroitement liées à l’appétit sexuel et la libido. Alors comment les hormones peuvent-elles être aussi influençables dans notre sexualité ?

On sait que les femmes qui ont un retrait d’ovaires connaissent une baisse de libido plus importante que lors de la ménopause. On sait aussi que les femmes qui prennent une contraception hormonale sont moins en phase avec leur cycle et leur libido qui a tendance à être déséquilibré, à diminuer, voire à disparaitre totalement. Tout cela prouve bien que les hormones influencent notre vie sexuelle et notre désir.

À quelle(s) période(s) du cycle menstruel le désir sexuel chez la femme est-il plus fort ?

En période de pré-ovulation, naturellement le corps produit bien plus d’hormones pour pousser à la procréation, nous donner l’envie de passer des nuits torrides dans le but de se reproduire. Le sexe est encore meilleur à cette période car il est encore plus facile d’atteindre l’orgasme pour les femmes. Les hormones aident également à produire davantage de lubrification naturelle. Hormonalement parlant, ce sera la période où la femme ressentira le plus l’envie de faire l’amour, juste avant l’ovulation, soit 10 à 14 jours après le premier jour de règles.

En revanche, une fois l’ovulation terminée, la progestérone remonte avec ses effets calmants et anesthésiants qui impactent l’excitation : c’est la baisse de libido.

Également pendant la période de règles, le taux de progestérone dans le corps féminin diminue et peut entrainer à nouveau la montée du désir. De nombreuses femmes déclarent avoir envie de faire l’amour pendant leurs règles. Cependant, cette influence hormonale sur la libido reste très moindre par rapport à la part contextuelle. Le bien-être psychologique individuel et celui du couple restent essentiels à la « bonne santé » du désir sexuel.

Bien plus chez la femme que chez l'homme, les hormones régissent de façon arbitraire le quotidien, autant sur le plan physique que physiologique et psychologique, et ce tout au long du cycle menstruel. De nombreuses variations impactent donc la femme dans son humeur, son appétit, son énergie, sa dépense énergétique mais aussi dans sa vie intime et sexuelle, sa libido, son envie de faire l’amour.

Le plus important est de parvenir à comprendre et écouter son corps, ressentir ses besoins et ses envies, et réussir à les appréhender malgré toutes ces variations.