ÊTRE UN COUPLE À DISTANCE OU VIVRE L’AMOUR À L’ETRANGER ?

Depuis le début de la pandémie, des milliers de couples sont séparés par des frontières fermées pour cause de corona virus, et se retrouvent sans perspectives d’avenir. Certains couples binationaux résistent et d’autres préfèrent profiter de leur vie d’expatrier pour trouver l’amour ailleurs et découvrir de nouvelles façons d’aimer. Léa, une française installée depuis 3 ans au Canada, nous raconte son expérience et vous propose une immersion très privée dans ses relations amoureuses avec nos voisins québécois.

Exclusivité et relation à distance font il bon ménage ?

Photos de @andrew

Bonjour, je m’appelle Léa. Lorsque je suis arrivée au Canada, j'avais à peine dix-huit ans, Je venais d'avoir mon baccalauréat et je partais pour ce qui s'annonçait comme la plus grande aventure de ma vie. Plus de parents sur le dos, des nouveaux amis, de nouveaux endroits à découvrir : le rêve de toute jeune adulte qui désire s'émanciper. Seul bémol, je laissais mon premier amour derrière moi ! Après de nombreuses discussions, j'ai réussi à le convaincre de vivre une relation à distance, ou du moins essayer . Bien que nous ne savions pas quand, ni où, ni dans quel état nous nous retrouverions, nous avons décidé de faire confiance au destin. Une fois les grands au revoir faits, je décollais direction l'autre côté de l'Atlantique.

Une fois arrivée au Canada, je passais mes journées à rencontrer de nouvelles personnes qui venaient de chaque coin du monde.et Je remarquais très vite que beaucoup d'entre elles étaient françaises !. En fait, ce n’était pas une surprise, il fallait s'y attendre. Montréal est très prisée par les français, la francophonie et les accords bilatéraux facilitant l'immigration. Mes premiers jours se passèrent quasiment entièrement hors de chez moi puisque c'était la semaine d'intégration des premières années. Il ne m’a fallu cependant que quelques heures pour comprendre ce que serait à l’avenir mon premier décalage horaire pour communiquer avec celui que je pensais être l'homme de ma vie. Au Québec, le décalage horaire est de six heures soit une demi-journée. Nos rythmes d’échange ne se coordonnent plus et Il s’avère de plus en plus compliqué pour nous deux de nous parler à longueur de journée comme nous lavions l’habitude de le faire en France.

Amoureux et convaincus de pouvoir résister à la distance qui nous séparait, nous nous habituâmes dans un premier temps à notre nouveau mode de vie. Je restais tard pour lui parler à son réveil, il se levait tôt pour être sûr d'avoir le temps de me dire bonne nuit.

 

Et puis, la distance nous apprit à être créatifs, sexuellement parlant : masturbation simultanée avec le jouet intime LOVtouch lorsque l'on s'appelait, photos sexy et sexto lorsque l'on pensait l'un à l'autre, tous les coups étaient permis pour compenser notre manque. Nous avions ainsi instauré un petit jeu en continu pour nous exciter lorsque l'on était d'humeur à « s'embêter ». En soirée, à la fac, au travail, tous les coups étaient permis. Cela maintenait une sorte de tension sexuelle entre nous qui rendait chacun de nos échanges plus affolant.

Nous avions d'ailleurs fait, pour l’un comme pour l’autre, quelques acquisitions d’objets et d’accessoires intimes avant mon départ pour pimenter nos ébats à distance : en ce qui me concerne, le kit de cache-cache YESforLOV pour que je m’écrive des mots sur le corps et quelques sextoys pour accompagner mes nuits en solitaire ; pour lui, le masturbateur masculin « Manta » de chez Fun Factory, le must have des accessoires érotiques pour homme.

Malheureusement ce mode de vie s’est avéré très difficile à tenir. Et puis, j'avais beau l'aimer de tout mon cœur, ma nouvelle vie me laissait peu de temps pour lui parler. Les premières conversations sérieuses ne tardèrent donc pas à arriver. Il y avait en moi cette espèce de contradiction entre mon amour pour lui et mon envie de découvrir de nouvelles choses.

Lors d’une soirée, je fis la connaissance d’un québécois qui me parla de sa relation ouverte avec sa copine. Je savais que cela existait les couples non exclusifs mais je n'avais encore jamais rencontré personne dans mon entourage qui vivait une relation libre. Il m'expliqua qu'il avait beau trouver beaucoup de filles attirantes, qu'il couchait parfois avec certaines d'entre elles, il revenait toujours auprès de sa « blonde » le soir. Pour lui, l'exclusivité devait être sentimentale et non sexuelle. Issu d'une famille assez conservatrice et un peu catholique sur les bords, je me suis étonnamment « trouvée intriguée ». J'ai alors commencé à en parler dans mon entourage et je me suis vite rendu compte que les Québécois étaient beaucoup moins exclusifs que les Français. J'ai donc essayé d'en glisser quelques mots à mon «frenchy ». La réponse ne s'est pas faite prier, le non fut catégorique !

Dans un couple exclusif, la fidélité est un engagement fort, à choisir à deux et à respecter à la lettre. On connaît tous les ravages de l’infidélité et le hic c’est qu’à un moment donné, il y en a bien souvent un des deux qui craque. D’ailleurs la fidélité a augmenté de 20% en 30 ans chez les femmes ! Ce que je veux dire par là, c’est qu’à ce moment de ma vie, le couple exclusif à distance ne me convenait plus . Alors, je me suis dit que peut être, vu que les relations libres étaient beaucoup plus acceptées au Québec, cela pouvait être une solution à l’avenir pour nous, les Millennials.

Quelques mois après avoir battu de l'aile (et quelques très gros dérapages de ma part, eh oui !j’ai fauté je l’avoue comme 35% des femmes selon une étude menée par l’Ifop,) l’histoire de mon premier amour toucha à sa fin, non sans larmes. Bien que cette rupture m'ait brisé le cœur, ce fut le vrai début pour moi d'une autre découverte, celle de la liberté d’aimer et de pouvoir vivre ma sexualité sans jugement et en toute impunité.

L’art d’aimer à la Québécoise: une langue commune mais des rapports amoureux différents.

Ne soyez pas surpris si vous allez en club à Montréal ! Les Québécoises et Québécois sont très libérés concernant leur sexualité. Et très avenants en même temps. À vrai dire, je ne sais plus trop comment les choses se passent en France, mais au Québec j'ai cette impression que les filles sont beaucoup moins craintives, qu’elles s’en fichent de passer pour des filles faciles et qu’elles prennent un malin plaisir à jouir de leurs conquêtes. Alors je me suis laissée séduire par l'idée de répondre aux appels des corps, à coucher sans sentiment, juste pour le plaisir.

Au début, j'avais un peu de mal avec l'accent québécois, c'était presque « comme on tue l'amour », je vous jure. Il m'a suffi un peu plus tard de tomber sur deux trois Québécois super sexy pour trouver cet accent tout de suite plus charmant !

 

Photos de @cottonbro

Après avoir enchaîné les rencontres en soirée chez des amis, en boite de nuit, et dans tous les autres lieux où il m'était possible de « sociabiliser »,et d’échanger, j'ai fini par installer Tinder, une application de rencontre très populaire au Québec. J'avais envie en effet de vivre une relation amoureuse stable et moins éphémère. Vous semblez surpris mais croyez-le ou non, contrairement à ce qui se passe en France, Tinder débouche relativement souvent sur une forme de relation sérieuse au Québec. Au début, ce ne fut que de la simple curiosité, puis c'est devenu une habitude. Je « swippai » dans le métro, je matchai avec des gens de toute provenance, ça me passait le temps, sans y trouver de réelle satisfaction. Jusqu'à ce garçon….

Je me rappellerai longtemps avoir souri en regardant sa photo. Je le trouvais extrêmement mignon. J'ai craqué et je lui ai envoyé le premier message après avoir bien évidemment échangé auparavant avec mes amies qui m’encourageaient tant à l’envoyer ce premier message ! Je ne sais pas si c'est parce que j'étais tombée sur des filles très sûres d'elles mêmes ou si c'était l'éducation québécoise, mais il me semble que les québécoises ont moins peur de draguer et d’aborder des hommes. Je me suis alors laissée entraîner par la méthode de drague « à la québécoise « et je l'ai invité à prendre un café avant d’aller se balader dans le parc.

Au cours de nos échanges, je pris conscience que le statut de couple chez les Québécois arrivait bien plus tard. Dans son esprit, on se « fréquentait » sans pour autant devenir un couple exclusif. Et ça, ça m'a faisait bizarre...

Si j'étais sortie avec un français, les choses seraient sûrement allées plus vite en besogne ! Toujours est-il que l'on s'est fréquenté ainsi plusieurs semaines sans plus d’intimité, car il voulait vraiment prendre son temps et être sûr d'être « en amour et en phase » avec moi avant d'officialiser notre union. J'avais vraiment du mal avec cette histoire de fréquentation, mais d'un autre côté, ça donnait un réel sens au mot couple. Au moins, j'étais sûre de ne pas me mettre en couple avec quelqu'un qui finirait par me dire quatre mois plus tard qu'il n'était pas amoureux. Alors, lorsque cela arriva , lorsqu'il m’a dit enfin qu'il voulait officialiser notre relation, je devins vraiment la plus heureuse du monde.

C'est ainsi que l'on commença à parcourir notre petit bonhomme de chemin à deux, avec la très agréable impression de vivre cette relation plus intensément que lors de ma première histoire d’amour : pas de parents pour me dire quand j'ai le droit d'aller chez lui ou non, pas de restriction, pas de limite. Nous passions réellement notre vie ensemble et j'étais aux anges.

À date, nous sommes toujours ensemble, et réellement bien tous les deux, mais je crois que quelques changements se pointent à l’horizon ... Cela fait plusieurs fois que l'on parle d'instaurer une relation ouverte entre nous. Bien sûr, il faut que l'on définisse des règles, que l’on communique, que l’on joue carte sur table, que l’on se respecte et qu’on se dise les choses telles qu’elle sont.

Hier, j'ai rencontré un homme polyamoureux et j'avoue qu'avec mon partenaire, on s'est posé la question de savoir si c'était possible de tomber amoureux de plusieurs personnes à la fois.

Même si je ne regrette pas d'avoir expérimenté la relation à distance, ma relation avec un québécois m'a beaucoup appris sur moi-même : il me semble que la la communication entre deux personnes puisse régler avec bonheur pas mal de   malentendus et éviter pas mal de conflits. J'ai également appris à repousser mes limites de tolérance sans pour autant les dépasser. J'ai l'impression qu'ici, je suis plus libre d'expérimenter ma vision de l'amour et du couple comme je l'entends, et ça me plaît.

Dans cette article qui mêle réalité et fiction j’ai voulu vous donner un aperçu de ce qu’est l’amour à la Québécoise. Cette histoire est issue d’un mélange de ma vie et de celle de mon entourage et est destinée à vous laisser entrevoir comment les jeunes expatriés peuvent vivre l’amour et la sexualité de l’autre côté de l’océan. Vous avez pu vous rendre compte avec moi des difficultés de la relation à distance, des différences entre l’amour chez les québécois et les français. Pour ce qui est du sexe, outre les expressions qui sont parfois déstabilisantes, tant qu’on est deux à vouloir la même chose, on finit par trouver un langage commun, je vous l’assure.